[Validé] BG de Waltraute
Publié : mer. févr. 20, 2008 8:48 pm
I- L’attente
Je contemplais le ciel au-dessus de ma tête. La voûte céleste semblait si proche de moi de je n’avais presque à tendre la main pour saisir cette couche de support bien étrange qui permettait au monde de survivre. Mais bien vite j’abandonnai cette vaine tentative et je baissai les yeux sur un océan infini qui s’étendait sous mes pieds. Des lueurs éclatantes parcouraient les flots dont le frissonnement reflétait les derniers rayons d’un soleil agonisant.
Je ne pus enlever mon regard d’une vision si splendide et lorsque enfin mes yeux se détournèrent de l’ultime rayon vert, ils parcoururent les côtes à proximité. Le soir tombait doucement sur les plaines glacées dont la blancheur immaculée était rompue çà et là par des cercles de petites lueurs de feu de bois crépitant. À cette vue, je frissonnai. Moi-même n’aurai pas été contre un peu de chaleur et de lumière dans ce froid si glacial.
La haute montagne sur laquelle je me trouvais était la plus haute des environs et mon maître m'y envoyait souvent pour me donner des missions ou pour s'informer de mes actes actuels. Je lui devais absolument tout. Mes techniques de combat, mon cosmos, ma précision, ma vie... Je ne savais pas du tout qui il était. Il ne répondait qu'au nom de Maître et jamais je n'avais pu voir ni son visage ni son identité. Ainsi, grâce à lui, j'étais devenue une des guerrières les plus puissantes, hommes et femmes confondus.
Rajustant mon armure de métal céleste renforcée de glace éternelle, je me dérobai de cette vision de torture et de ces étranges réflexions qui pesaient autour de moi et j’attendis encore et toujours. Un frisson parcourut mon échine lorsque je me retournai fixant mon regard sur un haut nuage d’or. Quelque chose arrivait dans ma direction et je n’aurai su dire ce que c’était si je ne le savais pas d’avance. Le petit point noir se rapprocha de plus en plus et je pus distinguer ses formes.
De longues ailes de jais fondaient sur moi. Deux yeux d’un rouge luisant me fixait et un bec d’or claquait d’impatience. Inconsciemment je me sentis tendu. Rejetant mes longs cheveux d’un noir ténébreux, je fixai le corbeau divin se poser devant moi sur la plateforme où je me trouvais. Cette créature avait de quoi être terrifiante, mais l’habitude me permis de garder la tête froide.
Le corbeau commença alors à me parler. Sa voix était toute aussi terrifiante que son apparence. Elle était étonnement forte pour le petit gabarit de l’animal et semblait être constituée de centaines de voix parlant en même temps dans une cacophonie déroutante et stridente. Ma concentration redoubla et j’attendis que l’envoyé des dieux déclare clairement en quoi consistait ma prochaine mission.
« Dame Waltraute,
Félicitations pour votre dernière mission réussie avec brio. L’homme que vous avez tué ne contrecarrera plus jamais nos divins plans.
À présent votre présence est requise pour une autre mission d’assassinat pus différente que la précédente mais aussi plus importante. »
En entendant ces paroles, je ne pus m’empêcher de faire la grimace. Je n’aimai pas me salir les mains en assassinant diverses personnes pour le plus grand bien. Même si par exemple ma dernière mission avait permis d’éviter une guerre sanglante entre deux pays Scandinaves, je ne pouvais m’y résoudre. De plus, la mission était plus importante que la précédente et je ne pus réprimer un frisson d’horreur en pensant à l’éventuel échec de sa mission et de ses conséquences pour moi.
« Vous disposerez de sept ans à compter d’aujourd’hui pour réussir ce que l’on attend de vous.
Passé ce délai, la mission sera un échec et les conséquences seraient désastreuses.
Pour des raisons secrètes, nous ne pouvons vous révéler le but de cette mission ni ce qu’il en découlera ensuite.
Acceptez vous cette mission ? »
C’était bien la première fois que j’entendais chose pareille. Qu’est ce qui pouvait être aussi important pour que le magicien que je servais ne puisse me donner les raisons de cette mission que j’avais déjà accompli des centaines de fois. Cependant je ne pus m’éterniser sur cette étrange mission lorsque le corbeau reposa sa question. D’un signe de tête agacé, j’acquiesçai.
« Bien.
Votre mission consistera à assassiner un guerrier divin du Dieu grec Poséidon.
Il se nomme Nautilus.
Trouvez le et tuez le. Vous avez 6 ans, 364 jours, 23 heures et 58 minutes pour l’accomplir. »
II- La découverte des autochtones
Après ces paroles qui d’un coup faisaient alourdir l’air déjà oppressant autour de moi, le corbeau se désintégra littéralement devant moi. Ses plumes prirent feu et il disparut en un rien de temps. N’y prêtant aucune attention, j’entrepris de mesurer l’ampleur de ma mission. Un guerrier de Poséidon ? Nautilus ? Je me répétait ces quelques mots dans ma tête pour les graver dans ma mémoire.
Il me semblait avoir déjà entendue pareille chose. Les dieux grecs de la Méditerranée possédaient pour seulement quatre Dieux majeurs d’entre eux une armée divine pour les servir. Ces guerriers divins gardaient des sanctuaires et se battaient entre eux pour étendre la puissance de leur maître. On racontait qu’ils étaient très très puissants. Décidément, tout me faisait penser que cette mission ne serait pas de la tarte…
Il fallait me rendre en Grèce, puis je chercherai ce Nautilus et je le tuerai lorsque l’occasion se présentera. Même un guerrier divin ne peut rien contre une guerrière aussi expérimentée que moi. Je l’écraserai comme une punaise malodorante et je reviendrai à Asgard victorieuse ! J’inspectai alors mes deux épées qui m’avaient été données d’un temps qui semblait être une éternité, resserrai étroitement ma cape de fourrure sur mes épaules et appela ma fidèle monture.
Au bout de quelques instants, elle apparut. Ma jument semblait galopée sur un sol dur et invisible. Elle laissait derrière elle de longues traînées de couleurs de l’arc-en-ciel. La puissance du magicien avait transformé une banale jument en une monture digne des Valkyries!! C'est en partie celà qui m'avait convaincu de le servir... Arrivant à ma hauteur, je montai sur ma monture avec agilité et lui murmurai les indications de mon voyage : Cap Sounion, le lieu de résidence principal des marinas, les guerriers de Poséidon.
Le voyage dura quelques jours car la Grèce n’était pas vraiment la porte à côté. Les paysages se succédèrent, inlassablement, devant mon regard émerveillé. Je n’avais eu que très rarement l’occasion de venir dans cette partie du globe. Il n’y avait pas de neige en cette saison et les arbres étaient verts et bien fournis, laissant apparaître des fleurs estivales ou des fruits gorgés de sucre. Le climat était particulièrement chaud comparé à celui qu’elle avait quitté et bien vite il lui fallu enlever sa cape et ses épaisseurs hivernales.
Je fus heureuse lorsque Azur me posa sur le sol à l’abri d’une crique où personne ne pouvait les voir. À contrecoeur, je renvoyai mon compagnon et escaladai la falaise me surplombant. J’arrivai alors sur une place très bruyante et je craignais un instant que ma crique où personne ne pourrait me voir me révèlerai en fait au grand jour pour mon out début de mission. Mais lorsque j’essayai de voir l’endroit où j’avais atterri, je ne pus en distinguer la moindre partie.
Soulagée, je marchai à grands pas à travers la foule qui semblait faire son marché. Petit à petit, les gens commençaient à me regarder, certains avec admiration, d’autres avec étonnement et d’autres avec terreur. Bizarrement, je semblai attirer beaucoup plus de partisans du côté de la gente masculine et certains d’entre eux me sifflèrent puis se turent aussitôt en voyant mon regard noir.
À vrai dire, je ne savais trop que faire. Me camoufler dans les tenues vestimentaires de la région ou bien rester ainsi attirant quelques regards sous mon passage ? Après une longue réflexion, je décidai de rester tel quel concluant que de me changer me coûterait beaucoup d’argent et n’irait pas du tout avec ma façon de combattre. Par contre, il me fallait à tout prix me reposer de ce voyage éprouvant.
Je décidai alors de louer une chambre dans une auberge, ignorant que ma cible sortait en même temps que j’entrai, me regardant avec un regard appréciateur et une envie manifeste. Mais je n’y prêtai aucune attention et m’engouffrai déjà dans le couloir qui m’amenai vers ma chambre où je m’allongeai sur un lit douillet, m’endormant sans avoir enlever aucun vêtement…
III- L’enquête
Alors que je me réveillai, une douce obscurité avait envahi la pièce. Le rayonnement de l’astre nocturne traversait la pièce par une unique fenêtre et la fraîcheur de la nuit s’engouffrait dans l’ouverture. Honteuse de m’être assoupie si vite, je me remis debout et, encore pantelante, j’entrepris de remettre en ordre mes cheveux ébouriffés par ce long sommeil. Lorsque enfin je réussis à dompter cette crinière, je décidai de descendre dans la salle commune de l’auberge.
Cette dernière était quasiment vide ou du moins était-elle vide d’hommes sains et conscients. Je m’approchai alors près du comptoir derrière lequel l’aubergiste, visiblement épuisé, s’occupait à essuyer de la vaisselle récemment lavée. J’eus quelques remords en lui demandant de la nourriture et du vin mais, sans aucune marque d’hostilité, l’aubergiste se mit au travail.
Après quelques minutes où je m’occupai à regarder les autres clients affalés en diverses positions, l’aubergiste déposa sur le comptoir en face de moi un plat copieux et un pichet de vin dont je m’empressai d’engloutir. L’homme me regarda agir avec des yeux ronds et, décidant qu’il valait mieux ne pas attirer l’attention sur moi, je changeai son attention en le questionnant sur ma nouvelle cible.
« Nautilus ?! Pour sûr que je le connais ! C’est un habitué ici ! Malheureusement vous l’avez raté ma ptite dame… Il m’a annoncé qu’il partait au cap Ténare pendant quelques mois. Il est parti… hier je crois… Quand vous êtes arrivé d’ailleurs ! Avec un peu de chance, vous pourriez le trouver au port quêtant un navire en partance du cap. Mais… Vous n’êtes pas là pour l’assassiner n’est-ce pas ? »
Avec mon sourire le plus rassurant que je pouvais lui adresser, je hochai négativement de la tête et engloutissais les dernières bouchées de mon repas. Puis je payai le repas et la chambre, sortant ensuite de la taverne. Quelques minutes plus tard, je me dirigeai à grands pas vers le port, maudissant ma propre faiblesse. Cependant, j’avais une petite idée de ce à quoi il ressemblait. Encore fallait-il le retrouver dans le labyrinthe qu’était le port du Cap Sounon.
Combien de temps allais-je gaspiller avant de le retrouver ? Était-il déjà en route pour Ténare ? Ces questions me trottaient toujours dans ma tête alors que j’observai le moindre indice susceptible de m’avancer. La chance fut-elle au rendez-vous à ce moment-là ? Je n’aurais su le dire cependant, trouver ce marina ne fut pas si difficile…
Mon regard fut attiré par une affiche. La personne qui l’y avait mise était visiblement un marchand cherchant la protection de guerriers en échange d’un voyage gratuit vers le Cap Ténare. Je sautai aussitôt sur l’occasion. Au moins, si je ne le trouvai pas avant le départ de ce marchand, ce dernier me conduirait vers la destination de ma cible et je n’aurai alors plus qu’à l’y attendre et l’y chercher. Ce plan était infaillible, mais j’étais loin de me douter qu’il me conduirait directement à lui…
IV- Combats psychologiques…
L’endroit où je pouvais rencontrer le marchand se trouvait dans une ruelle sombre et délabrée. Des tas d’immondices fleurissaient ici et à dans une véritable puanteur. Elle se trouvait là, l’auberge, le lieu de rendez vous. Retroussant les narines, j’entrai en poussant la porte de bois dans ce qui ce qui semblait être… un palace !!!! Deux grandes statues majestueuses représentant des divinités grecques encadraient l’entrée. Des nombreuses tapisseries de célèbres batailles aux tapis orientaux qui jonchaient le sol, tout semblait respirer la richesse et le luxe sous mes yeux ébahis.
Le marchand semblait avoir plus d’influence que je ne l’avais cru. Émerveillée de ce lieu splendide, je n’avais pas remarqué le petit comptoir derrière lequel se tenait une femme à l’allure butée et stupide. À contrecoeur, je m’adressai à elle :
« Euh… Bonjour ! (temps de pause austère) Pourriez vous me dire où se trouve le marchand Int & Rets s’il vous plaît ?
- Hum… Attendez ici un instant s’il vous plaît… »
Après cet instant qui me semblait être une éternité, elle revint, l’air toujours aussi hautain et supérieur, discutant avec une autre employée du bâtiment qui semblait être son double maléfique de personnalité. Sans prêter aucune attention à moi, elle déposa le livre qu’elle tenait sur le comptoir et continua à papoter, poussant ci et là des gloussements à une réplique qui semblait dénuée de comique.
Je commençai, au bout d’un long moment de silence de ma part, à manquer de patience et décidai de manifester ma présence en me raclant la gorge.Aucune réaction ne vint alors sur le visage de ses pipelettes sans retenues. Misant sur la surdité bénigne, je poussai timidement un petit « s’il vous plaît ? » sonore qui ne valait apparemment pas plus de considération que ma première tentative. C’est à ce moment-là que je perdis patience et que ma colère se manifestait à travers ma force.
Saisissant une de mes deux épées, je l’abattis sur le comptoir, le fendant en deux sous le choc. C’est avec cette manifestation plus violente de ma présence que j’eus enfin quelques considérations. Toutes deux me regardèrent alors avec des yeux noirs et celle que j’avais interrogée ma montra du doigt une porte sur ma droite. Sans aucun remerciement, je partis dans cette direction abasourdie par ces deux mégères inutiles.
Lorsque je poussai ladite porte, un petit comité d’accueil m’attendait autour d’une table ovale.Apparemment, ils étaient en pleine discussion car certains d’entre eux me regardaient la bouche ouverte. L’un d’eux pris alors la parole. C’était un vieillard vêtu d’une robe ample et d’un turban sur la tête. Il était situé à une extrémité de la table.
« Vous avez dû vous tromper d’étages jeune fille. Le recrutement des hôtesses est au 2e…
- Je ne suis pas ici pour cela.
- Vraiment ? Ah ! Dans ce cas, les filles de joie sont recrutées au 1er…
- Ce n’est pas pour cela non plus ! Je suis ici pour ça ! dis je en mettant sur la table l’affiche que j’avais décrochée dans un geste violent. »
Jetant un rapide coup d’œil dessus il reprit :
« Vous devez vous tromper… On n’accepte seulement les vrais guerriers… Pas des femmes costumées voulant se faire passer pour des guerriers exceptionnels…
- Des quoi ?!
- Écoutez ma ptite dame… »
L’homme qui venait de parler venait de se lever et s’apprêtait à mettre sa main sur mon épaule lorsque d’un geste rapide, je me saisis d’une de mes dagues accrochées à ma ceinture et la colla contre son coup en lui tirant la tête en arrière avec mon autre main de libre.
« Si vous croyez que vous nous impressionne… »
Le vieux marchant se tut aussitôt lorsque ma dague lui arracha son turban de sa tête avec précision.
« Je… désire… juste… aller… à Ténare… »
Avec difficulté, je retins ma rage qui m’incitait de tous les égorger sur place. Le silence retomba alors puis, après un moment de silence, le marchand dit :
« Et bien ! Marché conclu ! Nous sommes au complet à présent. Nous partirons à l’aube. »
V- La cible
L’aube étant relativement proche, je ne pris aucun repos et je ne me contentai d’attendre à ce palace déguisé que les membres du convoi se éveillent. Puis, après une attente insupportable, je sortis dans la fraîcheur nocturne du port. L’air vivifiant et marin y était agréable et je restai là sans rien faire d’autre que contempler la longue rangée de bateaux amarrés ici et là en une file indienne interminable.
De temps en temps, des bateaux de pêche partaient en mer dès cette heure matinale pour attraper le plus de poisson possible ou revenaient les bras chargés de la pêche nocturne qui allait rapporter gros dès l’ouverture du marché.puis, petit à petit, le soleil commença à poindre, dardant ses jeunes rayons perçants au-dessus de l’horizon maritime. Je fixai alors ce paysage d’une rare beauté, mais fus vite interrompue par le marchand et la troupe qui arrivait, frais d’une petite nuit de sommeil.
C’est alors que je le vis, l’homme que je devais par-dessus tout abattre. Je n’avais, lors de notre première rencontre et très rapide rencontre été frappée par son visage séduisant et sa carrure svelte et musclée. Sa peau légèrement basanée par le soleil luisait sur son torse à moitié nu et rappelait la couleur de ses yeux. Ce visage devait être habituellement agréable à regarder, mais l’expression qu’il prit ne l’avantagea pas.
Avec un regard qui ferait pâlir de nombreuses morues frites, il me regardait visiblement stupéfait de me trouver une nouvelle fois sur sa route. Puis, son regard se transforma tel un caméléon. La surprise se transforma en dévisagement, le dévisagement à l’envi, l’envi à la provocation et la provocation à la drague. Plus surprise que jamais, je décidai de ne pas prêter attention à ma première impression et ignora Nautilus qui déployait son art de séduction le plus pittoresque.
Le marchand qui marchait en tête de file s’approcha de moi et m’invita à cheminer à côté de lui me faisant de brèves présentations des autres membres de l’équipage.
« Surtout ne tombe pas sous les charmes du marina… Il a fait tourner plus d’une tête mais aucune n’a réellement fait le tour de la terre… »
Souriant à cette comparaison incongrue, je m’aperçus que nous venions de nous arrêter devant ce qui semblait être le navire du marchand. C’était un vaisseau de taille moyenne ne pouvant transporter qu’une ou deux tonnes de marchandises en plus de l’équipage. Sans attendre qu’on leur en donne l’ordre, les marins montèrent à bord et s’affairaient déjà pour le départ. Se retournant vers la dizaine de personnes dont je faisais parti et qui restait, le marchand prit la parole.
« Bien ! Vous êtes 9… Vous allez vous répartir en deux groupes : l’un sera en service le jour et l’autre la nuit. 5 pour le premier et 4 pour le deuxième me semble bien. Quand vous aurez fini de vous répartir, l’équipe de nuit pourra aller se reposer. »
Alors qu’il repartait en direction du bateau, je le rattrapai annonçant que je n’aimais dormir et que je pouvais être dans les deux équipes à la fois.
« Et bien soit ! C’est parfait. Le problème est donc réglé… »
Montant à sa suite sans prêter attention aux yeux ronds des autres guerriers, je me mis à l’avant du navire prenant derrière mon dos un arc et une flèche pour faire face au dur voyage qui m’attendait.
Je contemplais le ciel au-dessus de ma tête. La voûte céleste semblait si proche de moi de je n’avais presque à tendre la main pour saisir cette couche de support bien étrange qui permettait au monde de survivre. Mais bien vite j’abandonnai cette vaine tentative et je baissai les yeux sur un océan infini qui s’étendait sous mes pieds. Des lueurs éclatantes parcouraient les flots dont le frissonnement reflétait les derniers rayons d’un soleil agonisant.
Je ne pus enlever mon regard d’une vision si splendide et lorsque enfin mes yeux se détournèrent de l’ultime rayon vert, ils parcoururent les côtes à proximité. Le soir tombait doucement sur les plaines glacées dont la blancheur immaculée était rompue çà et là par des cercles de petites lueurs de feu de bois crépitant. À cette vue, je frissonnai. Moi-même n’aurai pas été contre un peu de chaleur et de lumière dans ce froid si glacial.
La haute montagne sur laquelle je me trouvais était la plus haute des environs et mon maître m'y envoyait souvent pour me donner des missions ou pour s'informer de mes actes actuels. Je lui devais absolument tout. Mes techniques de combat, mon cosmos, ma précision, ma vie... Je ne savais pas du tout qui il était. Il ne répondait qu'au nom de Maître et jamais je n'avais pu voir ni son visage ni son identité. Ainsi, grâce à lui, j'étais devenue une des guerrières les plus puissantes, hommes et femmes confondus.
Rajustant mon armure de métal céleste renforcée de glace éternelle, je me dérobai de cette vision de torture et de ces étranges réflexions qui pesaient autour de moi et j’attendis encore et toujours. Un frisson parcourut mon échine lorsque je me retournai fixant mon regard sur un haut nuage d’or. Quelque chose arrivait dans ma direction et je n’aurai su dire ce que c’était si je ne le savais pas d’avance. Le petit point noir se rapprocha de plus en plus et je pus distinguer ses formes.
De longues ailes de jais fondaient sur moi. Deux yeux d’un rouge luisant me fixait et un bec d’or claquait d’impatience. Inconsciemment je me sentis tendu. Rejetant mes longs cheveux d’un noir ténébreux, je fixai le corbeau divin se poser devant moi sur la plateforme où je me trouvais. Cette créature avait de quoi être terrifiante, mais l’habitude me permis de garder la tête froide.
Le corbeau commença alors à me parler. Sa voix était toute aussi terrifiante que son apparence. Elle était étonnement forte pour le petit gabarit de l’animal et semblait être constituée de centaines de voix parlant en même temps dans une cacophonie déroutante et stridente. Ma concentration redoubla et j’attendis que l’envoyé des dieux déclare clairement en quoi consistait ma prochaine mission.
« Dame Waltraute,
Félicitations pour votre dernière mission réussie avec brio. L’homme que vous avez tué ne contrecarrera plus jamais nos divins plans.
À présent votre présence est requise pour une autre mission d’assassinat pus différente que la précédente mais aussi plus importante. »
En entendant ces paroles, je ne pus m’empêcher de faire la grimace. Je n’aimai pas me salir les mains en assassinant diverses personnes pour le plus grand bien. Même si par exemple ma dernière mission avait permis d’éviter une guerre sanglante entre deux pays Scandinaves, je ne pouvais m’y résoudre. De plus, la mission était plus importante que la précédente et je ne pus réprimer un frisson d’horreur en pensant à l’éventuel échec de sa mission et de ses conséquences pour moi.
« Vous disposerez de sept ans à compter d’aujourd’hui pour réussir ce que l’on attend de vous.
Passé ce délai, la mission sera un échec et les conséquences seraient désastreuses.
Pour des raisons secrètes, nous ne pouvons vous révéler le but de cette mission ni ce qu’il en découlera ensuite.
Acceptez vous cette mission ? »
C’était bien la première fois que j’entendais chose pareille. Qu’est ce qui pouvait être aussi important pour que le magicien que je servais ne puisse me donner les raisons de cette mission que j’avais déjà accompli des centaines de fois. Cependant je ne pus m’éterniser sur cette étrange mission lorsque le corbeau reposa sa question. D’un signe de tête agacé, j’acquiesçai.
« Bien.
Votre mission consistera à assassiner un guerrier divin du Dieu grec Poséidon.
Il se nomme Nautilus.
Trouvez le et tuez le. Vous avez 6 ans, 364 jours, 23 heures et 58 minutes pour l’accomplir. »
II- La découverte des autochtones
Après ces paroles qui d’un coup faisaient alourdir l’air déjà oppressant autour de moi, le corbeau se désintégra littéralement devant moi. Ses plumes prirent feu et il disparut en un rien de temps. N’y prêtant aucune attention, j’entrepris de mesurer l’ampleur de ma mission. Un guerrier de Poséidon ? Nautilus ? Je me répétait ces quelques mots dans ma tête pour les graver dans ma mémoire.
Il me semblait avoir déjà entendue pareille chose. Les dieux grecs de la Méditerranée possédaient pour seulement quatre Dieux majeurs d’entre eux une armée divine pour les servir. Ces guerriers divins gardaient des sanctuaires et se battaient entre eux pour étendre la puissance de leur maître. On racontait qu’ils étaient très très puissants. Décidément, tout me faisait penser que cette mission ne serait pas de la tarte…
Il fallait me rendre en Grèce, puis je chercherai ce Nautilus et je le tuerai lorsque l’occasion se présentera. Même un guerrier divin ne peut rien contre une guerrière aussi expérimentée que moi. Je l’écraserai comme une punaise malodorante et je reviendrai à Asgard victorieuse ! J’inspectai alors mes deux épées qui m’avaient été données d’un temps qui semblait être une éternité, resserrai étroitement ma cape de fourrure sur mes épaules et appela ma fidèle monture.
Au bout de quelques instants, elle apparut. Ma jument semblait galopée sur un sol dur et invisible. Elle laissait derrière elle de longues traînées de couleurs de l’arc-en-ciel. La puissance du magicien avait transformé une banale jument en une monture digne des Valkyries!! C'est en partie celà qui m'avait convaincu de le servir... Arrivant à ma hauteur, je montai sur ma monture avec agilité et lui murmurai les indications de mon voyage : Cap Sounion, le lieu de résidence principal des marinas, les guerriers de Poséidon.
Le voyage dura quelques jours car la Grèce n’était pas vraiment la porte à côté. Les paysages se succédèrent, inlassablement, devant mon regard émerveillé. Je n’avais eu que très rarement l’occasion de venir dans cette partie du globe. Il n’y avait pas de neige en cette saison et les arbres étaient verts et bien fournis, laissant apparaître des fleurs estivales ou des fruits gorgés de sucre. Le climat était particulièrement chaud comparé à celui qu’elle avait quitté et bien vite il lui fallu enlever sa cape et ses épaisseurs hivernales.
Je fus heureuse lorsque Azur me posa sur le sol à l’abri d’une crique où personne ne pouvait les voir. À contrecoeur, je renvoyai mon compagnon et escaladai la falaise me surplombant. J’arrivai alors sur une place très bruyante et je craignais un instant que ma crique où personne ne pourrait me voir me révèlerai en fait au grand jour pour mon out début de mission. Mais lorsque j’essayai de voir l’endroit où j’avais atterri, je ne pus en distinguer la moindre partie.
Soulagée, je marchai à grands pas à travers la foule qui semblait faire son marché. Petit à petit, les gens commençaient à me regarder, certains avec admiration, d’autres avec étonnement et d’autres avec terreur. Bizarrement, je semblai attirer beaucoup plus de partisans du côté de la gente masculine et certains d’entre eux me sifflèrent puis se turent aussitôt en voyant mon regard noir.
À vrai dire, je ne savais trop que faire. Me camoufler dans les tenues vestimentaires de la région ou bien rester ainsi attirant quelques regards sous mon passage ? Après une longue réflexion, je décidai de rester tel quel concluant que de me changer me coûterait beaucoup d’argent et n’irait pas du tout avec ma façon de combattre. Par contre, il me fallait à tout prix me reposer de ce voyage éprouvant.
Je décidai alors de louer une chambre dans une auberge, ignorant que ma cible sortait en même temps que j’entrai, me regardant avec un regard appréciateur et une envie manifeste. Mais je n’y prêtai aucune attention et m’engouffrai déjà dans le couloir qui m’amenai vers ma chambre où je m’allongeai sur un lit douillet, m’endormant sans avoir enlever aucun vêtement…
III- L’enquête
Alors que je me réveillai, une douce obscurité avait envahi la pièce. Le rayonnement de l’astre nocturne traversait la pièce par une unique fenêtre et la fraîcheur de la nuit s’engouffrait dans l’ouverture. Honteuse de m’être assoupie si vite, je me remis debout et, encore pantelante, j’entrepris de remettre en ordre mes cheveux ébouriffés par ce long sommeil. Lorsque enfin je réussis à dompter cette crinière, je décidai de descendre dans la salle commune de l’auberge.
Cette dernière était quasiment vide ou du moins était-elle vide d’hommes sains et conscients. Je m’approchai alors près du comptoir derrière lequel l’aubergiste, visiblement épuisé, s’occupait à essuyer de la vaisselle récemment lavée. J’eus quelques remords en lui demandant de la nourriture et du vin mais, sans aucune marque d’hostilité, l’aubergiste se mit au travail.
Après quelques minutes où je m’occupai à regarder les autres clients affalés en diverses positions, l’aubergiste déposa sur le comptoir en face de moi un plat copieux et un pichet de vin dont je m’empressai d’engloutir. L’homme me regarda agir avec des yeux ronds et, décidant qu’il valait mieux ne pas attirer l’attention sur moi, je changeai son attention en le questionnant sur ma nouvelle cible.
« Nautilus ?! Pour sûr que je le connais ! C’est un habitué ici ! Malheureusement vous l’avez raté ma ptite dame… Il m’a annoncé qu’il partait au cap Ténare pendant quelques mois. Il est parti… hier je crois… Quand vous êtes arrivé d’ailleurs ! Avec un peu de chance, vous pourriez le trouver au port quêtant un navire en partance du cap. Mais… Vous n’êtes pas là pour l’assassiner n’est-ce pas ? »
Avec mon sourire le plus rassurant que je pouvais lui adresser, je hochai négativement de la tête et engloutissais les dernières bouchées de mon repas. Puis je payai le repas et la chambre, sortant ensuite de la taverne. Quelques minutes plus tard, je me dirigeai à grands pas vers le port, maudissant ma propre faiblesse. Cependant, j’avais une petite idée de ce à quoi il ressemblait. Encore fallait-il le retrouver dans le labyrinthe qu’était le port du Cap Sounon.
Combien de temps allais-je gaspiller avant de le retrouver ? Était-il déjà en route pour Ténare ? Ces questions me trottaient toujours dans ma tête alors que j’observai le moindre indice susceptible de m’avancer. La chance fut-elle au rendez-vous à ce moment-là ? Je n’aurais su le dire cependant, trouver ce marina ne fut pas si difficile…
Mon regard fut attiré par une affiche. La personne qui l’y avait mise était visiblement un marchand cherchant la protection de guerriers en échange d’un voyage gratuit vers le Cap Ténare. Je sautai aussitôt sur l’occasion. Au moins, si je ne le trouvai pas avant le départ de ce marchand, ce dernier me conduirait vers la destination de ma cible et je n’aurai alors plus qu’à l’y attendre et l’y chercher. Ce plan était infaillible, mais j’étais loin de me douter qu’il me conduirait directement à lui…
IV- Combats psychologiques…
L’endroit où je pouvais rencontrer le marchand se trouvait dans une ruelle sombre et délabrée. Des tas d’immondices fleurissaient ici et à dans une véritable puanteur. Elle se trouvait là, l’auberge, le lieu de rendez vous. Retroussant les narines, j’entrai en poussant la porte de bois dans ce qui ce qui semblait être… un palace !!!! Deux grandes statues majestueuses représentant des divinités grecques encadraient l’entrée. Des nombreuses tapisseries de célèbres batailles aux tapis orientaux qui jonchaient le sol, tout semblait respirer la richesse et le luxe sous mes yeux ébahis.
Le marchand semblait avoir plus d’influence que je ne l’avais cru. Émerveillée de ce lieu splendide, je n’avais pas remarqué le petit comptoir derrière lequel se tenait une femme à l’allure butée et stupide. À contrecoeur, je m’adressai à elle :
« Euh… Bonjour ! (temps de pause austère) Pourriez vous me dire où se trouve le marchand Int & Rets s’il vous plaît ?
- Hum… Attendez ici un instant s’il vous plaît… »
Après cet instant qui me semblait être une éternité, elle revint, l’air toujours aussi hautain et supérieur, discutant avec une autre employée du bâtiment qui semblait être son double maléfique de personnalité. Sans prêter aucune attention à moi, elle déposa le livre qu’elle tenait sur le comptoir et continua à papoter, poussant ci et là des gloussements à une réplique qui semblait dénuée de comique.
Je commençai, au bout d’un long moment de silence de ma part, à manquer de patience et décidai de manifester ma présence en me raclant la gorge.Aucune réaction ne vint alors sur le visage de ses pipelettes sans retenues. Misant sur la surdité bénigne, je poussai timidement un petit « s’il vous plaît ? » sonore qui ne valait apparemment pas plus de considération que ma première tentative. C’est à ce moment-là que je perdis patience et que ma colère se manifestait à travers ma force.
Saisissant une de mes deux épées, je l’abattis sur le comptoir, le fendant en deux sous le choc. C’est avec cette manifestation plus violente de ma présence que j’eus enfin quelques considérations. Toutes deux me regardèrent alors avec des yeux noirs et celle que j’avais interrogée ma montra du doigt une porte sur ma droite. Sans aucun remerciement, je partis dans cette direction abasourdie par ces deux mégères inutiles.
Lorsque je poussai ladite porte, un petit comité d’accueil m’attendait autour d’une table ovale.Apparemment, ils étaient en pleine discussion car certains d’entre eux me regardaient la bouche ouverte. L’un d’eux pris alors la parole. C’était un vieillard vêtu d’une robe ample et d’un turban sur la tête. Il était situé à une extrémité de la table.
« Vous avez dû vous tromper d’étages jeune fille. Le recrutement des hôtesses est au 2e…
- Je ne suis pas ici pour cela.
- Vraiment ? Ah ! Dans ce cas, les filles de joie sont recrutées au 1er…
- Ce n’est pas pour cela non plus ! Je suis ici pour ça ! dis je en mettant sur la table l’affiche que j’avais décrochée dans un geste violent. »
Jetant un rapide coup d’œil dessus il reprit :
« Vous devez vous tromper… On n’accepte seulement les vrais guerriers… Pas des femmes costumées voulant se faire passer pour des guerriers exceptionnels…
- Des quoi ?!
- Écoutez ma ptite dame… »
L’homme qui venait de parler venait de se lever et s’apprêtait à mettre sa main sur mon épaule lorsque d’un geste rapide, je me saisis d’une de mes dagues accrochées à ma ceinture et la colla contre son coup en lui tirant la tête en arrière avec mon autre main de libre.
« Si vous croyez que vous nous impressionne… »
Le vieux marchant se tut aussitôt lorsque ma dague lui arracha son turban de sa tête avec précision.
« Je… désire… juste… aller… à Ténare… »
Avec difficulté, je retins ma rage qui m’incitait de tous les égorger sur place. Le silence retomba alors puis, après un moment de silence, le marchand dit :
« Et bien ! Marché conclu ! Nous sommes au complet à présent. Nous partirons à l’aube. »
V- La cible
L’aube étant relativement proche, je ne pris aucun repos et je ne me contentai d’attendre à ce palace déguisé que les membres du convoi se éveillent. Puis, après une attente insupportable, je sortis dans la fraîcheur nocturne du port. L’air vivifiant et marin y était agréable et je restai là sans rien faire d’autre que contempler la longue rangée de bateaux amarrés ici et là en une file indienne interminable.
De temps en temps, des bateaux de pêche partaient en mer dès cette heure matinale pour attraper le plus de poisson possible ou revenaient les bras chargés de la pêche nocturne qui allait rapporter gros dès l’ouverture du marché.puis, petit à petit, le soleil commença à poindre, dardant ses jeunes rayons perçants au-dessus de l’horizon maritime. Je fixai alors ce paysage d’une rare beauté, mais fus vite interrompue par le marchand et la troupe qui arrivait, frais d’une petite nuit de sommeil.
C’est alors que je le vis, l’homme que je devais par-dessus tout abattre. Je n’avais, lors de notre première rencontre et très rapide rencontre été frappée par son visage séduisant et sa carrure svelte et musclée. Sa peau légèrement basanée par le soleil luisait sur son torse à moitié nu et rappelait la couleur de ses yeux. Ce visage devait être habituellement agréable à regarder, mais l’expression qu’il prit ne l’avantagea pas.
Avec un regard qui ferait pâlir de nombreuses morues frites, il me regardait visiblement stupéfait de me trouver une nouvelle fois sur sa route. Puis, son regard se transforma tel un caméléon. La surprise se transforma en dévisagement, le dévisagement à l’envi, l’envi à la provocation et la provocation à la drague. Plus surprise que jamais, je décidai de ne pas prêter attention à ma première impression et ignora Nautilus qui déployait son art de séduction le plus pittoresque.
Le marchand qui marchait en tête de file s’approcha de moi et m’invita à cheminer à côté de lui me faisant de brèves présentations des autres membres de l’équipage.
« Surtout ne tombe pas sous les charmes du marina… Il a fait tourner plus d’une tête mais aucune n’a réellement fait le tour de la terre… »
Souriant à cette comparaison incongrue, je m’aperçus que nous venions de nous arrêter devant ce qui semblait être le navire du marchand. C’était un vaisseau de taille moyenne ne pouvant transporter qu’une ou deux tonnes de marchandises en plus de l’équipage. Sans attendre qu’on leur en donne l’ordre, les marins montèrent à bord et s’affairaient déjà pour le départ. Se retournant vers la dizaine de personnes dont je faisais parti et qui restait, le marchand prit la parole.
« Bien ! Vous êtes 9… Vous allez vous répartir en deux groupes : l’un sera en service le jour et l’autre la nuit. 5 pour le premier et 4 pour le deuxième me semble bien. Quand vous aurez fini de vous répartir, l’équipe de nuit pourra aller se reposer. »
Alors qu’il repartait en direction du bateau, je le rattrapai annonçant que je n’aimais dormir et que je pouvais être dans les deux équipes à la fois.
« Et bien soit ! C’est parfait. Le problème est donc réglé… »
Montant à sa suite sans prêter attention aux yeux ronds des autres guerriers, je me mis à l’avant du navire prenant derrière mon dos un arc et une flèche pour faire face au dur voyage qui m’attendait.