Eurydice

Présentation du Seigneur des Enfers et de ses Spectres.

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Eurydice

Messagepar Eurydice » sam. déc. 16, 2006 7:52 pm

Mode hors RP:
Cette histoire s'adresse aux rêveurs, à ceux qui connaissent le plaisir de faire et qui n'agissent pas forcément pour atteindre un but donné, à ceux qui sont capables de prendre le temps de ne rien faire, qui voient le temps comme un être et pas comme une case vide à remplir; à ceux enfin, qui savent lire entre les lignes ou à ceux qui voudront essayer.
Aux autres, qui après avoir lu diront sûrement "il ne se passe rien", passez votre chemin.


Et ce d'autant plus que la rédaction de mon BG est en cours, mais comme il risque d'être très long, je le posterai par chapîtres, pour éviter aux modérateurs d'avoir un pavé à lire en une fois, et aussi parce que ce sera un moyen d'avoir une sauvegarde de mon travail accessible de partout... (je mène une vie assez errante...)
j'espère que personne ne verra d'inconvénient à cette façon de faire.
L'histoire que je vous raconterai un peu plus bas n'est qu'un début, les jugements qui seraient portés sur ce début ne pourraient prétendre s'appliquer à toute l'histoire d'Eurydice, et n'auraient donc pas de valeur dans l'appréciation globale du BG.
Cependant, cela ne signifie pas que je ne veux pas recevoir d'avis, opinions, critiques, conseils; tant que cela reste constructif et aimable, je serai heureuse de communiquer sur ce forum ou par mp.


je ne tiendrais pas compte dans la rédaction de mon BG de celui d'un joueur dont le personnage est étroitement lié au mien: Orphée. En effet, ce joueur n'a absolument pas tenu compte de la mythologie de son personnage dans son BG, ce qui est incompatible avec ma façon de faire, et avec la façon dont je conçois le rôle-play.
j'espère qu'il ne m'en sera pas tenu rigueur.
Fin du mode HRP














Vous êtes dans une vieille forêt un peu sombre, l'air est doux.
Vous marchez depuis des heures, vous êtes épuisé.
Vous décidez de vous reposer dans cette clairière à quelques pas en face de vous, où vous apercevez un arbre couché, dont le tronc est incurvé au niveau qui se trouve juste avant le feuillage, et garni de mousse moelleuse, ce qui sera confortable pour vous étendre.
Vous atteignez le tronc d'arbre, vous posez votre équipement et vous vous mettez à l'aise, vous vous étendez sur le dos.
Vous êtes bien, tellement bien que vous pourriez commencer à rêver dans la pénombre, en regardant le ciel à travers les branches qui se balancent sous la brise d'été....
Mais il y a quelque chose d'un peu dur dans votre dos, au niveau de votre épaule gauche.
Vous hésitez à faire un effort qui vous semble inhumain tant vous êtes fatigué, pour regarder ce qui gêne et l'enlever.
Mais vous vous dites que vous êtes un guerrier, et qu'être faible n'est pas digne de votre dieu. Vous rassemblez mentalement votre courage, vous vous dites qu'à trois vous y allez. Un.... Deux... Trois... Vous vous tournez sur le côté gauche et vous palpez la mousse là où il y avait cette bosse gênante... Vous plongez la main dans la mousse pour voir, et vous trouvez un étui de cuir sombre, de forme allongée. Vous l'ouvrez, il contient des rouleaux de parchemin numérotés.
Etonné, vous les contemplez un instant, puis vous décidez de vous rallonger confortablement pour voir ce qu'ils contiennent. Vous ouvrez le premier en rêvassant à moitié....





LA NAISSANCE


Il y a bien longtemps, dans une forêt lointaine, très lointaine...

Les rayons du soleil traversent les frondaisons épaisses et sombres, qui s'enchevêtrent et forment les voûtes d'une cathédrale de verdure, dont la nef sans fin est doucement illuminée par le scintillement des rais lumineux sur les perles de rosée. Un éclat printanier émane de la mousse du sous bois et fait briller les baies et les fougères, retentit sur les racines, enllumine les buissons et les massifs de jacinthes sauvages et de bruyères blanches, qui semblent alors autant de maisonnettes où s'anime la vie discrète de la forêt. Partout, dans la pénombre douce des sous-bois, on sent la joie du printemps, qui, revenu depuis quelques temps déjà, assiste chaque jour à un heureux évènement. L'éclosion de tel oeuf, l'ouverture d'une chrysalide, l'explosion de ce bourgeon, l'épanouissement d'une fleur ici ou là sont autant de joies qui chaque jour se propagent un peu plus loin dans la forêt, jusqu'à en illuminer les recoins les plus reculés.


Dans l'un de ces recoins, un peu caché dans l'ombre, un arbre. Pas un arbre particulièrement beau, ni particulièrement vieux, juste un arbre, tout simple, un arbre comme les autres avec un tronc robuste, et de larges branches confortables qui supportent un feuillage épais et soyeux, à travers lequel filtrent quelques rayons de soleil, qui sont arrivés là par hasard aujourd'hui. Aujourd'hui est un jour banal, mais ces petit traits de lumière et de chaleur changent tout pour l'arbre. L'eau qui coule langoureusement, dans la petite rivière à quelques pas de là, paraît plus fraîche et plus claire à ses racines. La petite brise qui d'ordinaire effleure quelques unes de ses feuilles en transportant les parfums du sous-bois, porte aujourd'hui des senteurs plus subtiles, et lui semble plus attentive; ce jour là il a l'impression qu'elle caresse chaque repli de son écorce, atteint chaque bourgeon, enveloppe chacune de ses feuilles, d'une infinie douceur, d'une tendresse dont tout son être est pénétré. Bercé par tant d'amour, il se sent spécial comme s'il venaît de renaître à lui-même, comme si tous les échos de la forêt animaient aujourd'hui ce temple végétal de quiétude pour refléter son émoi. L'arbre se laisse doucement glisser dans la félicité. Ses perceptions, enivrées par tant de plaisir, métamorphosent sa vie en un rêve éveillé, un songe où il n'est plus un arbre, mais l'Arbre, il se sent unique, parfait; il se suffit désormais à lui même, car la découverte de son essence est désormais accomplie, son être est enfin achevé.
Submergé par tant de bonheur à cette idée, l'arbre s'éveille.
Soudain, il prends conscience de son nouvel être. A cet instant précis, il sent quelquechose sortir de lui. Un sentiment gai et rayonnant, mélodieux, éphémère et fragile, prend forme et force sous son regard ébahi; émerge peu à peu des nimbes, pour s'élever, pétillant et malicieux devant lui.
Dernière modification par Eurydice le jeu. janv. 25, 2007 1:28 pm, modifié 2 fois.
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Messagepar Suryo » lun. déc. 18, 2006 3:51 pm

Vivement la suite :D

Critique constructive : des parchemins enfouis dans la terre, ça doit se décomposer, avec le temps et l'humidité. Celui ou celle qui les a posés là aurait eu une bonne idée de les glisser dans une urne en terre hermétiquement scellée afin de les protéger :wink:
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Messagepar Eurydice » mar. déc. 19, 2006 7:32 pm

.....................


Pas bête



...................


Merci :)


(à la base les parchemins étaient censés passer de main en main, mais comme ça n'était pas crédible, j'ai choisi l'autre moyen... En oubliant d'adapter....)
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Re: Eurydice

Messagepar Eurydice » jeu. janv. 11, 2007 1:22 am

Chapitre II ! :)

Je remets une partie de ce que j'avais déjà écrit, puisqu'apparemment on ne peut pas éditer tous les posts...














Vous êtes dans une vieille forêt un peu sombre, l'air est doux.
Vous marchez depuis des heures, vous êtes épuisé.
Vous décidez de vous reposer dans cette clairière à quelques pas en face de vous, où vous appercevez un arbre couché, dont le tronc est incurvé au niveau qui se trouve juste avant le feuillage, et garni de mousse moelleuse, ce qui sera confortable pour vous étendre.
Vous atteignez le tronc d'arbre, vous posez votre équipement et vous vous mettez à l'aise, vous vous étendez sur le dos.
Vous êtes bien, tellement bien que vous pourriez commencer à rêver dans la pénombre, en regardant le ciel à travers les branches qui se balancent sous la brise d'été....
Mais il y a quelque chose d'un peu dur dans votre dos, au niveau de votre épaule gauche.
Vous hésitez à faire un effort qui vous semble inhumain tant vous êtes fatigué, pour regarder ce qui gêne et l'enlever.
Mais vous vous dites que vous êtes un guerrier, et qu'être faible n'est pas digne de votre dieu. Vous rassemblez mentalement votre courage, vous vous dites qu'à trois vous y allez. Un.... Deux... Trois... Vous vous tournez sur le côté gauche et vous palpez la mousse là où il y avait cette bosse gênante... Vous plongez la main dans la mousse pour voir, et vous trouvez un étui de cuir sombre, de forme allongée. Vous l'ouvrez, il contient des rouleaux de parchemin numérotés.
Etonné, vous les contemplez un instant, puis vous décidez de vous rallonger confortablement pour voir ce qu'ils contiennent. Vous ouvrez le premier en rêvassant à moitié....





LA NAISSANCE


Il y a bien longtemps, dans une forêt lointaine, très lointaine...

Les rayons du soleil traversent les frondaisons épaisses et sombres, qui s'enchevêtrent et forment les voûtes d'une cathédrale de verdure, dont la nef sans fin est doucement illuminée par le scintillement des rais lumineux sur les perles de rosées. Un éclat printanier émane de la mousse du sous bois et fait briller les baies et les fougères, retentit sur les racines, enlumine les buissons et les massifs de jacinthes sauvages et de bruyères blanches, qui semblent alors autant de maisonnettes où s'anime la vie discrète de la forêt. Partout, dans la pénombre douce des sous-bois, on sent la joie du printemps, qui, revenu depuis quelques temps déjà, assiste chaque jour à un heureux évènement. L'éclosion de tel oeuf, l'ouverture d'une chrysalide, l'explosion de ce bourgeon, l'épanouissement d'une fleur ici ou là sont autant de joies qui chaque jour se propagent un peu plus loin dans la forêt, jusqu'à en illuminer les recoins les plus reculés.


Dans l'un de ces recoins, un peu caché dans l'ombre, un arbre. Pas un arbre particulièrement beau, ni particulièrement vieux, juste un arbre, tout simple, un arbre comme les autres avec un tronc robuste, et de larges branches confortables qui supportent un feuillage épais et soyeux, à travers lequel filtrent quelques rayons de soleil, qui sont arrivés là par hasard aujourd'hui. Aujourd'hui est un jour banal, mais ces petits traits de lumière et de chaleur changent tout pour l'arbre. L'eau qui coule langoureusement, dans la petite rivière à quelques pas de là, paraît plus fraîche et plus claire à ses racines. La petite brise qui d'ordinaire effleure quelques unes de ses feuilles en transportant les parfums du sous-bois, porte aujourd'hui des senteurs plus subtiles, et lui semble plus attentive; ce jour là il a l'impression qu'elle caresse chaque repli de son écorce, atteint chaque bourgeon, enveloppe chacune de ses feuilles, d'une infinie douceur, d'une tendresse dont tout son être est pénétré. Bercé par tant d'amour, il se sent spécial comme s'il venait de renaître à lui-même, comme si tous les échos de la forêt animaient aujourd'hui ce temple végétal de quiétude pour refléter son émoi. L'arbre se laisse doucement glisser dans la félicité. Ses perceptions, enivrées par tant de plaisir, métamorphosent sa vie en un rêve éveillé, un songe où il n'est plus un arbre, mais l'Arbre, il se sent unique, parfait; il se suffit désormais à lui même, car la découverte de son essence est désormais accomplie, son être est enfin achevé. Submergé par tant de bonheur à cette idée, l'arbre s'éveille.
Soudain, il prend conscience de son nouvel être. A cet instant précis, il sent quelquechose sortir de lui. Un sentiment gai et rayonnant, mélodieux, éphémère et fragile, prend forme et force sous son regard ébahi; émerge peu à peu des nimbes, pour s'élever, pétillant et malicieux devant lui.






L'ETRE, LA LUMIERE, LE TEMPS


Emerveillé, il contemple son enfant. Cet instant, subtil et éphémère, devient infini ; à travers ce premier contact, ce sont toutes les rencontres de tous les êtres de l'univers qui revivent ; c'est l'éclosion d'un amour, mais le triomphe de l'Amour, la vie.
Le petit être gracile lui sourit. Il voit dans l'eau de ses grands yeux clairs, le scintillement d'une âme nouvelle et pure, où transparaissent les lueurs d'une intelligence sage et profonde, à la fois millénaire, et sans cesse mouvante et renaissante, dont les racines semblent puiser une force née aux origines du monde. De longues boucles vaporeuses enveloppent son corps de nuées blondes, flottantes, sur lesquelles les quelques rais de lumière qui transpercent le feuillage de l'arbre viennent miroiter; halo doré dont la chaleur et la douceur délicates contrastent avec l'éclat nacré, froid et scintillant comme le givre, de la peau veloutée de la fillette. Quelques mèches folles, échappées de la cascade de boucles, traversent son front lisse et pur, et viennent chatouiller un petit nez fin, mutin ; d'autres glissent sur la courbe parfaite des pommettes, pour venir onduler sur les fossettes, à peine esquissées, autour de la bouche.

La petite fille, mue soudain par une pulsion instinctive, tendit une main enfantine, blanche et délicate, vers l'arbre. Lui, comprenant son désir, étendit à sa portée l'une de ses branches basses, qu'il choisit souple et solide. Elle la saisit, et assurant d'instinct sa prise sur les aspérités de l'écorce rugueuse et bienveillante, s'y hissa avec aisance. Heureuse d'être là, elle s'arrêta un instant, pour contempler le monde de son nouveau point de vue. Le soleil commençait à redescendre dans le ciel. Debout sur ses pieds nus, elle apercevait le tapis soyeux de mousse tendre, verte et accueillante, où elle se tenait quelques secondes auparavant ; un peu plus loin, dans la douceur feutrée des sous-bois, le calme courant s’écoulait lentement, sous l’éclat doré des rayons de lumières qui pénétraient la canopée ; et qui diffusaient en se reflétant, une lumière chaleureuse, miroitant dans la pénombre sylvestre.
L’enfant se tourna ensuite vers l’Arbre. Levant son visage délicat vers lui, elle en contempla le tronc large et stable, dont l’écorce légèrement grisâtre exhalait une force, une résistance, qui semblaient celles des armures les plus impénétrables. Les branches puissantes et rassurantes, portées majestueusement, formaient une voûte arrondie et protectrice, avant de s’affiner, puis de s’enchevêtrer en un inextricable, impénétrable, fouillis de rameaux, qui supportait un feuillage duveteux, dont l’épaisseur laissait par endroit paraître la lumière du soleil, qui créait ainsi une atmosphère paisible et tamisée, que les reflets irisés de toutes les nuances de vert venaient embellir.
Tant de beauté subjugua la fillette. Elle sentit monter en elle une joie intense, un sentiment nouveau, indéfinissable. Une harmonie s’éveilla, vibrante, au plus profond de son être. Elle gagna en un instant chaleur et puissance, puis naissant de ses lèvres vermeil, éclata retentissante jusqu’aux tréfonds des bois. Une cascade de mélodies de bonheur et d’allégresse, propagée bondissante par les échos infinis de cette voix pure, cristalline, inonda alors la forêt, désormais pénétrée d’une résonance nouvelle.
Et la Forêt sut, et l’Arbre comprit, et l’enfant découvrit. Sa nature lui était révélée : Elle était née Dryade.

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Messagepar Eurydice » jeu. janv. 25, 2007 1:27 pm

je fais ce nouveau post car il inclut quelques changements dans la partie II. Mais ceux-cis sont d'ordre purement stylistique, inutile donc de tout relire.






Vous êtes dans une vieille forêt un peu sombre, l'air est doux.
Vous marchez depuis des heures, vous êtes épuisé.
Vous décidez de vous reposer dans cette clairière à quelques pas en face de vous, où vous apercevez un arbre couché, dont le tronc est incurvé au niveau qui se trouve juste avant le feuillage, et garni de mousse moelleuse, ce qui sera confortable pour vous étendre.
Vous atteignez le tronc d'arbre, vous posez votre équipement et vous vous mettez à l'aise, vous vous étendez sur le dos.
Vous êtes bien, tellement bien que vous pourriez commencer à rêver dans la pénombre, en regardant le ciel à travers les branches qui se balancent sous la brise d'été....
Mais il y a quelque chose d'un peu dur dans votre dos, au niveau de votre épaule gauche.
Vous hésitez à faire un effort qui vous semble inhumain tant vous êtes fatigué, pour regarder ce qui gêne et l'enlever.
Mais vous vous dites que vous êtes un guerrier, et qu'être faible n'est pas digne de votre dieu. Vous rassemblez mentalement votre courage, vous vous dites qu'à trois vous y allez. Un.... Deux... Trois... Vous vous tournez sur le côté gauche et vous palpez la mousse là où il y avait cette bosse gênante... Vous plongez la main dans la mousse pour voir, et vous trouvez un étui de cuir sombre, de forme allongée. Vous l'ouvrez, il contient des rouleaux de parchemin numérotés.
Etonné, vous les contemplez un instant, puis vous décidez de vous rallonger confortablement pour voir ce qu'ils contiennent. Vous ouvrez le premier en rêvassant à moitié....





LA NAISSANCE


Il y a bien longtemps, dans une forêt lointaine, très lointaine...

Les rayons du soleil traversent les frondaisons épaisses et sombres, qui s'enchevêtrent et forment les voûtes d'une cathédrale de verdure, dont la nef sans fin est doucement illuminée par le scintillement des rais lumineux sur les perles de rosées. Un éclat printanier émane de la mousse du sous bois et fait briller les baies et les fougères, retentit sur les racines, enlumine les buissons et les massifs de jacinthes sauvages et de bruyères blanches, qui semblent alors autant de maisonnettes où s'anime la vie discrète de la forêt. Partout, dans la pénombre douce des sous-bois, on sent la joie du printemps, qui, revenu depuis quelques temps déjà, assiste chaque jour à un heureux évènement. L'éclosion de tel oeuf, l'ouverture d'une chrysalide, l'explosion de ce bourgeon, l'épanouissement d'une fleur ici ou là sont autant de joies qui chaque jour se propagent un peu plus loin dans la forêt, jusqu'à en illuminer les recoins les plus reculés.


Dans l'un de ces recoins, un peu caché dans l'ombre, un arbre. Pas un arbre particulièrement beau, ni particulièrement vieux, juste un arbre, tout simple, un arbre comme les autres avec un tronc robuste, et de larges branches confortables qui supportent un feuillage épais et soyeux, à travers lequel filtrent quelques rayons de soleil, qui sont arrivés là par hasard aujourd'hui. Aujourd'hui est un jour banal, mais ces petits traits de lumière et de chaleur changent tout pour l'arbre. L'eau qui coule langoureusement, dans la petite rivière à quelques pas de là, paraît plus fraîche et plus claire à ses racines. La petite brise qui d'ordinaire effleure quelques unes de ses feuilles en transportant les parfums du sous-bois, porte aujourd'hui des senteurs plus subtiles, et lui semble plus attentive; ce jour là il a l'impression qu'elle caresse chaque repli de son écorce, atteint chaque bourgeon, enveloppe chacune de ses feuilles, d'une infinie douceur, d'une tendresse dont tout son être est pénétré. Bercé par tant d'amour, il se sent spécial comme s'il venait de renaître à lui-même, comme si tous les échos de la forêt animaient aujourd'hui ce temple végétal de quiétude pour refléter son émoi. L'arbre se laisse doucement glisser dans la félicité. Ses perceptions, enivrées par tant de plaisir, métamorphosent sa vie en un rêve éveillé, un songe où il n'est plus un arbre, mais l'Arbre, il se sent unique, parfait; il se suffit désormais à lui même, car la découverte de son essence est désormais accomplie, son être est enfin achevé. Submergé par tant de bonheur à cette idée, l'arbre s'éveille.
Soudain, il prend conscience de son nouvel être. A cet instant précis, il sent quelquechose sortir de lui. Un sentiment gai et rayonnant, mélodieux, éphémère et fragile, prend forme et force sous son regard ébahi; émerge peu à peu des nimbes, pour s'élever, pétillant et malicieux devant lui.






L'ETRE, LA LUMIERE, LE TEMPS


Emerveillé, il contemple son enfant. Cet instant, subtil et éphémère, devient infini ; à travers ce premier contact, ce sont toutes les rencontres de tous les êtres de l'univers qui revivent ; c'est l'éclosion d'un amour, mais le triomphe de l'Amour, la vie.
Le petit être gracile lui sourit. Il voit dans l'eau de ses grands yeux clairs, le scintillement d'une âme nouvelle et pure, où transparaissent les lueurs d'une intelligence sage et profonde, à la fois millénaire, et sans cesse mouvante et renaissante, dont les racines semblent puiser une force née aux origines du monde. De longues boucles vaporeuses enveloppent son corps de nuées blondes, flottantes, sur lesquelles les quelques rais de lumière qui transpercent le feuillage de l'arbre viennent miroiter; halo doré dont la chaleur et la douceur délicates contrastent avec l'éclat nacré, froid et scintillant comme le givre, de la peau veloutée de la fillette. Quelques mèches folles, échappées de la cascade de boucles, traversent son front lisse et pur, et viennent chatouiller un petit nez fin, mutin ; d'autres glissent sur la courbe parfaite des pommettes, pour venir onduler sur les fossettes, à peine esquissées, autour de la bouche.

La petite fille, mue soudain par une pulsion instinctive, tendit une main enfantine, blanche et délicate, vers l'arbre. Lui, comprenant son désir, étendit à sa portée l'une de ses branches basses, qu'il choisit souple et solide. Elle la saisit, et assurant d'instinct sa prise sur les aspérités de l'écorce rugueuse et bienveillante, s'y hissa avec aisance. Heureuse d'être là, elle s'arrêta un instant, pour contempler le monde de son nouveau point de vue. Le soleil commençait à redescendre dans le ciel. Debout sur ses pieds nus, elle apercevait le tapis soyeux de mousse tendre, verte et accueillante, où elle se tenait quelques secondes auparavant ; un peu plus loin, dans la douceur feutrée des sous-bois, le calme courant s’écoulait lentement, sous l’éclat doré des rayons lumineux qui pénétraient la canopée ; et qui diffusaient en se reflétant, une lumière chaleureuse, miroitant dans la pénombre sylvestre.
L’enfant se tourna ensuite vers l’Arbre. Levant son visage délicat vers lui, elle en contempla le tronc large et stable, dont l’écorce légèrement grisâtre exhalait une force, une résistance, qui semblaient celles des armures les plus impénétrables. Les branches puissantes et rassurantes, portées majestueusement, formaient une voûte arrondie et protectrice, avant de s’affiner, puis de s’enchevêtrer en un inextricable, impénétrable, fouillis de rameaux. Ceux-ci supportaient un feuillage duveteux, dont l’épaisseur laissait par endroit paraître la lumière du soleil, créant ainsi une atmosphère paisible et tamisée, que les reflets irisés de toutes les nuances de vert venaient embellir.
Tant de beauté subjugua la fillette. Elle sentit monter en elle une joie intense, un sentiment nouveau, indéfinissable. Une harmonie s’éveilla, vibrante, au plus profond de son être. Elle gagna en un instant chaleur et puissance, puis naissant de ses lèvres vermeil, éclata retentissante jusqu’aux tréfonds des bois. Une cascade de mélodies de bonheur et d’allégresse, propagée bondissante par les échos infinis de cette voix pure, cristalline, inonda alors la forêt, désormais pénétrée d’une résonance nouvelle.
Et la Forêt sut, et l’Arbre comprit, et l’enfant découvrit. Sa nature lui était révélée : Elle était née Dryade.







LA MAISON ET LE NOM


Elle avait rejoint l’arbre, qu’elle considérait dorénavant comme sien ; tout comme lui l’avait reconnue comme sienne, en la laissant pénétrer au plus profond de son branchage, là où nul oiseau ne s’était encore posé ; un sanctuaire où la lumière de la forêt devenait le rayonnement propre de l’arbre, tant elle traversait de voiles de verdure avant d’y parvenir. L’être au coeur de l’arbre en fait vibrer l’écorce, résonner les branches, palpiter les feuilles et la sève par sa voix pure ; cette vie longtemps retenue dans les abîmes de l’être de l’arbre émerge enfin, s’épanouit, et anime les frondaisons du solitaire, devenu son compagnon et son refuge.
Petit à petit, ils vont se découvrir, apprendre à se connaître.
Elle se sent bien, dans ce grand nid de branches, qui s’étendent en montant légèrement à leur base, avant de s’élever en une courbe douce, puis de se ramifier en formant une voûte solide, dont la clé de rameaux entrelacés semble garantir la résistance. Le coeur de l’arbre ressemble à une cage majestueuse, dont les barreaux puissants, sont largement ouverts, et laissent à l’enfant la liberté de découvrir le monde. Ils sont à la fois souples et doux, tapissés sur l’intérieur de feuilles au duvet fin, argenté et chaleureux, que fait scintiller la lumière intérieure de l’arbre ; et suffisamment resserrés et solides pour constituer une armure infaillible, et un appui duquel elle puisse s’élancer sans crainte vers l’extérieur. D’autres feuilles, larges et luisantes, au bord rigide, revêtent l’extérieur du branchage protecteur, dont elles préservent la douce atmosphère.
L’arbre et la dryade sont deux, mais ils sont un, et se complètent. Il aime cette présence vibrante et vive, qui anime tout son être d’un bonheur nouveau, qui tourbillonne dans ses branches ; désormais agitées par les rires et les chants cristallins, les jeux sans cesses renouvelés, inventés, par le malicieux esprit enfantin. Et puis ces instants de calme aussi, où l’enfant s’arrête de jouer, soit se balançant sur une branche, soit lovée dans un creux de l’écorce, pour considérer un infime détail ; une tâche de lumière projetée sur le bois, le pétiole d’une feuille sur le point de choir, ou la danse d’une autre dans la brise ; pour écouter un chant lointain, ou bien humer un parfum qui lui paraît inhabituel. Dans ces moments, son esprit d’abord entièrement focalisé finit toujours par se détendre, puis vagabonder de rêve en nuage, jusqu’à rejoindre l’esprit de l’arbre. L’enfant parfois s’endort, l’arbre perçoit alors ses rêves, où se mêlent ses désirs, ses découvertes, et ses interrogations ; d’autre fois elle lui pose une question, et longuement ils discutent, elle mêlant son chant à l’échos profond de l’arbre, jusqu’au moment où, absorbés par les résonances harmonieuses de leur conversation, ils sont surpris par un rayon de la lune naissante, déjà haute dans le ciel.

Un long temps passa ainsi, quiétude joyeuse et sage, pendant lequel l’enfant gagna en conscience et en connaissances.
Un matin, dans la chaleur du creux d’une fourche entre trois branches, elle se réveilla envahie par un étrange sentiment. Elle n’avait pas très bien dormi, car quelquechose dans la conversation de la nuit précédente l’avait dérangée, bien qu’elle ne l’eût pas ressenti consciemment. Ce sentiment était toujours là, et se faisait de plus en présent à son esprit, mais sans qu’elle ne puisse savoir précisément ce qu’il était. Préoccupée, elle s’assit, blottie contre l’arbre, et commença à réfléchir.
L’arbre, percevant son état et son besoin de tendresse, glissa doucement une branche, soyeuse et souple, contre sa joue veloutée.
Posant en réponse sa main sur l’écorce chaude, sous laquelle elle sentait palpiter les innombrables canaux de sève, elle songea à leur bonheur. L’arbre avait toujours été pour elle une évidence. Sa présence lui semblait si naturelle, que jamais elle ne l’avait remarquée ; la pensée d’une absence lui était impossible à concevoir. Depuis toujours, il faisait partie d’elle comme elle faisait partie de lui ; tout comme elle ne faisait qu’un avec son univers végétal. Et voilà que maintenant elle prend conscience d’une limite, de quelquechose qui les sépare.
Sa pensée poursuivant son chemin, elle réalisa avec effroi leur différence. Une angoisse profonde et inextinguible s’empara d’elle.
Attentif, l’arbre comprit ce qui venait de se passer, il la rassura. Les échos habituels, graves et profonds, étaient toujours les mêmes, empreints de cet amour dont elle était entourée depuis le début ; mais comme en écho à sa découverte, une résonance nouvelle venait se glisser dans les propos de l’arbre. Malgré son anxiété et sa tristesse, elle fut intriguée, et prêta un peu plus l’oreille à cet harmonique, dans le discours de l’arbre qui continuait à la calmer. Elle s’aperçut que cette petite vibration avait toujours existé, bien qu’elle ne s’en fût jamais rendue compte. Alors il lui expliqua que cette petite mélodie la désignait. Que chaque être possède sa résonance propre. Cela signifie être seul en soi-même, c’est un peu triste, mais c’est le prix de la liberté. Et puis il lui dit aussi que la distance intellectuelle n’empêche pas la proximité affective. Il lui fit découvrir toute la complexité d’un être, et lui montra que la nébuleuse effervescente et lumineuse qu’elle imaginait auparavant constituer l’essence du vivant, était en réalité une constellation de milliers d’étoiles enchevêtrées, dont aucune ne pouvait fonctionner sans les autres. L’arbre amplifia à plusieurs reprises cette petite mélodie afin qu’elle puisse mieux la distinguer. Eurudikê Eurudikê Eurudikê. Rassurée, elle essaya de la reproduire. Eurydice. C’était ce qu’elle pouvait prononcer de plus ressemblant au langage de l’arbre. Eurydice. Désormais distincte de l’arbre, c’est ainsi qu’on la dénommerait. Eurydice.
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Messagepar Mandos » mer. janv. 31, 2007 12:22 pm

C'est vraiment très originale, mais tellement bien écrit. On attend la suite alors.
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Messagepar Nikiolas » lun. oct. 01, 2007 4:59 pm

Une suite et fin ?

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