Sur les flots de la mer de Marmara, Borée, le vent du nord, portait le navire qui menait Lysymak à Salmydesse, la plus riche des cités portuaires de Thrace. Satisfait d'avoir accompli son devoir en soumettant les envahisseurs athéniens, l'hoplite se dirigea d'un pas agile jusqu'à la demeure où l'attendait son épouse, Phyllis, qu'il avait dû quitter six mois plus tôt. La jeune femme devait être sur le point d'accoucher, et Lysymak songeait aux nombreuses offrandes déposées sur l'autel du temple d'Hadès, au prières prononcées pour que son protecteur lui accorde le plaisir d'avoir un fils.
Lysymak retrouva Phyllis, assise dans sa chambre, donnant le sein à un jeune garçon. Un sourire se dessina sur le visage de l'hoplite, heureux d'avoir été exaucé, puis Phyllis lui montra du regard un couffin, où un deuxième enfant dormait à poings fermés. La joie de Lysymak fut décuplée lorsqu'il comprit que sa femme n'avait pas accouché d'un seul, mais de deux garçons, robustes et bien portants.
Lysymak fut le précepteur de ses fils, Strigoi et Pryccolitch. Alors qu'ils n'avaient pas encore atteint leur huitième anniversaire, il les entraîna au maniement des armes et leur enseigna l'art de la guerre. Il leur inculqua le respect pour les dieux et leur devoir envers Hadès, leur protecteur, gardien de Salmydesse et défenseur de sa famille.
Des deux enfants, nul ne pouvait dire lequel était le plus téméraire, ni le plus habile au combat ou même le plus intelligent. La seule différence qui régnait entre ces jumeaux était leur obsession. Pryccolitch souhaitait dédier sa vie à Hadès, en devenant grand prêtre, comme son grand père ; Strigoi désirait quant à lui devenir général d'armée, et pour cela s'entraînait bien plus que son frère à l'art du combat.
Au fil des mois et des années, les deux frères prirent des chemins différents mais ne cessèrent de se côtoyer et de se raconter leurs expériences, l'un avec la religion, l'autre avec les armes. Pryccolitch avait rejoint très jeune le temple d'Hadès à Abdire afin de parfaire sa formation. Son enseignement lui permit de comprendre que le seigneur souterrain n'était pas, comme chacun le pensait, un maître de la terreur et de l'obscurité, un pourvoyeur de mort ou un souverain du mal, mais plutôt un être dont le pouvoir rendait jaloux tous les autres dieux de l'Olympe. Selon Pryccolitch, les athéniens, les ennemis les plus acharnés des thraces, étaient aveuglés par la "sage" Athéna, frustrée de ne pas posséder les connaissances occultes du royaume souterrain. Pour cela, Athènes était aux yeux de Pryccolitch l'emblème de la jalousie, le symbole de la décadence des hommes, et Athéna, toute déesse de la sagesse qu'elle était, revêtait l'habit de la traîtresse qui sacrifie les hommes pour son pouvoir personnel.
Pendant que Pryccolitch étudiait la théologie et la philosophie, Strigoi devenait un habile guerrier. Son père, exigeant et sévère, en fit un fier soldat, mais transforma le garçon aimable et souriant en jeune homme agressif, froid et méprisable, à l'image de Lysymak.
Les bases de son enseignement terminées, Pryccolitch revint à Salmydesse et aida son grand père, le grand prêtre d'Hadès, dans ses tâches quotidiennes. Il retrouva avec bonheur son frère, qu'il n'avait vu depuis de nombreux mois, et découvrit le changement qui avait opéré dans son comportement. Comprenant que son père avait voulu transformer Strigoi pour le modeler à son image, Pryccolitch en parla à sa mère Phyllis, à son grand père Noumaios, et décida de les confronter à Lysymak lors d'une réunion de famille. Lysymak écouta les paroles de son épouse, mais sa femme était trop soumise pour pouvoir le défier. Noumaios, qui n'avait jamais accepté l'arrogance et l'égoïsme de son fils, énonça un à uns tous les griefs qu'il avait contre lui. La conversation s'envenima pour en venir finalement aux mains. Lysymak, sur le point d'agresser physiquement son propre père, resta immobile lorsqu'il vit son fils Strigoi frapper durement Noumaios, un regard plein de haine dans les yeux. Le silence retomba, et Pryccolitch comprit que le lien qui l'unissait à son jumeau venait d'être rompu.
Lysymak et Strigoi quittèrent Salmydesse, laissant derrière eux une femme éplorée d'avoir perdu un fils et un mari, un grand père déçu et blessé par l'attitude de la chair de sa chair, et un jeune homme plein d'incompréhension et de haine, rongé par le doute et la peur d'avoir perdu une partie de lui-même. Pryccolitch médita sur ces tristes événements et interrogea les prêtres d'Hadès. Il avait pour dessein de sauver Strigoi de l'emprise de Lysymak, mais ignorait quels mots pourraient le ramener à sa famille. La réponse vint de son grand père, qui lui révéla que seul Hadès pouvait laver le cœur d'un homme de la corruption qui le gangrenait. Mais le seigneur souterrain n'était pas aisément accessible, seuls les êtres les plus méritants pouvaient oser pénétrer dans le royaume d'en bas, affronter Cerbère, traverser le Styx et poser les yeux sur le trône du maître des morts.
Après plusieurs semaines de méditation, Pryccolitch prit la décision de se tourner vers la solution envisagée par Noumaios. Il reprit l'entraînement guerrier qu'il avait abandonné en entrant au service du temple, quitta Salmydesse et partit en quête d'un maître capable de le transformer en un homme meilleur, un digne serviteur d'Hadès, le juste et le miséricordieux.
[VALIDE] Pryccolitch
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