Fairy
Publié : ven. janv. 03, 2020 4:47 pm
Entrée en matière
D'abord la mer. D'un bleu azur, qui se confond avec le ciel. Le soleil brille. Les hommes sont reposés. Ils se sentent sûrs d'eux. Les bateaux avancent au rythme des tambours. Rome est loin maintenant, les côtes de Sicile aussi. Laissant les débris de la flotte carthaginoise, l'armada romaine fait cap vers Carthagène. La confrontation ne se fera plus en mer. Le souffle iodé est agréable. Le vent vient caresser la peau des milliers de soldats-mercenaires, qui n'attendent que de débarquer.
A Carthage, la menace n'est pas encore annoncée. Sophonisbe se rêve princesse, des fleurs dans les cheveux et sur ses habits. Elle est gaie, enjouée. Une jeune beauté prête à éclore. Fille d'un marchand de fleurs, elle part tous les matins dans la campagne environnante. Les fleurs des champs sont les les préférées des élégantes de la cité. Sophonisbe n'a pas son pareil pour concocter des bouquets, aidée par les papillons qui virevoltent au-dessus des champs. Les papillons c'est sa grande passion. Depuis toute petite elle les suite, elle danse et parle avec eux. Déjà dans son berceau elle essayait de les attraper, puis à quatre pattes et enfin maintenant. Elle leur parle et s'imagine les comprendre. Ils sont beaux, colorés, vivants. Son esprit s'échappe en les voyant.
Faustus bandait ses muscles. Sa vie il l'avait vouée à la guerre et là enfin il allait participer à la prise de Carthage. Le débarquement dans le port occasionna des pertes, mais il foula tout de même le sol de la cité phénicienne. Pas de quartier fut le mot d'ordre et il fut entendu. Avec sa troupe, il partit raser les défenses de la ville. Après des jours de combat, la jonction s'opéra avec les troupes débarquées sur les cotes. L'armée carthaginoise prise en étau fut massacrée. Les hommes rassasiés du sang de leurs victimes n'aspiraient qu'à une chose : le plaisir sous toutes ses formes.
Sophonisbe, depuis l'entrée des troupes romaines dans la cité, avait ordre de rester à la maison. Se montrer c'était au mieux mourir, au pire subir la folie des hommes. Un matin par la fenêtre ouverte un papillon vint à sa rencontre. La jeune fille entama une danse avec lui et emportée dans son élan sortit de la maison, pour se retrouver dans les champs. Plic ! Ploc ! Quelques gouttes tombèrent et le ciel s'obscurcit au-dessus d'elle.
Que faites-vous ici ? La région n'est pas sûre.
Passée la première surprise, elle lui répondit : j'ai suivi le papillon.
Attendri par tant d'innocence, il lui sourit. Elle aussi. Il leva sa main et enveloppa la jeune fille de sa cape.
Faustus prit la direction de son camp, tenant serrée la jeune fille confiante. Cependant la malheureuse n'avait pas conscience de l'enfer qu'elle allait vivre au milieu de tous ces hommes. Son destin avait tourné à cause du battement d'ailes d'un papillon. Après des semaines de sévices, elle réussit à s'échapper. La honte au ventre, elle fila directement sur le port. Là parmi les pauvres hères victimes de la guerre et les esclaves elle fut empoignée par un bras tatoué d'un papillon. Lasse, elle se laissa faire.
Où m'emmenez-vous ? se hasarda-t-elle
Sur le bateau de mon maître. Un marchand grec.
Sophonisbe prit alors la mer pour la première fois. La traversée se fit de comptoirs en comptoirs et à chaque escale le marchand embarquait des trésors plus somptueux les uns que les autres. Loin d'être en sécurité en mer, la jeune fille subit de nouveau les assauts du marchand et des marins. Si bien qu'à son débarquement à Athènes, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Enceinte jusqu'au cou, qui plus est. Seule, mutilée, enceinte, elle erra jusqu'à croiser une matrone qui la prit sous son aile. Elle s'imagina alors un avenir un peu plus radieux et raconta toute son histoire. Un papillon s'arrêta sur le bord de la fenêtre, le soleil entra dans la pièce. Depuis des mois, elle ne s'était sentie aussi bien.
En échange du gîte, elle avait pour mission de ramener le nécessaire pour les repas. Après des matinées à demander l'aumône, elle allait ensuite sur le marché acheter les quelques victuailles qui suffiraient à la nourrir ainsi que la matrone. Sans crier gare, le jour fatidique de l'accouchement arriva. Elle passait près de l'étal du boucher et c'est là, dans le sang et dans la fange, que l'enfant naquit. Affaiblie par tous les coups et les contraintes qu'elle avait subies jusqu'alors elle s'éteignit. Laissant un orphelin de père et maintenant de mère étalé dans une mare de sang en forme de papillon.
D'abord la mer. D'un bleu azur, qui se confond avec le ciel. Le soleil brille. Les hommes sont reposés. Ils se sentent sûrs d'eux. Les bateaux avancent au rythme des tambours. Rome est loin maintenant, les côtes de Sicile aussi. Laissant les débris de la flotte carthaginoise, l'armada romaine fait cap vers Carthagène. La confrontation ne se fera plus en mer. Le souffle iodé est agréable. Le vent vient caresser la peau des milliers de soldats-mercenaires, qui n'attendent que de débarquer.
A Carthage, la menace n'est pas encore annoncée. Sophonisbe se rêve princesse, des fleurs dans les cheveux et sur ses habits. Elle est gaie, enjouée. Une jeune beauté prête à éclore. Fille d'un marchand de fleurs, elle part tous les matins dans la campagne environnante. Les fleurs des champs sont les les préférées des élégantes de la cité. Sophonisbe n'a pas son pareil pour concocter des bouquets, aidée par les papillons qui virevoltent au-dessus des champs. Les papillons c'est sa grande passion. Depuis toute petite elle les suite, elle danse et parle avec eux. Déjà dans son berceau elle essayait de les attraper, puis à quatre pattes et enfin maintenant. Elle leur parle et s'imagine les comprendre. Ils sont beaux, colorés, vivants. Son esprit s'échappe en les voyant.
Faustus bandait ses muscles. Sa vie il l'avait vouée à la guerre et là enfin il allait participer à la prise de Carthage. Le débarquement dans le port occasionna des pertes, mais il foula tout de même le sol de la cité phénicienne. Pas de quartier fut le mot d'ordre et il fut entendu. Avec sa troupe, il partit raser les défenses de la ville. Après des jours de combat, la jonction s'opéra avec les troupes débarquées sur les cotes. L'armée carthaginoise prise en étau fut massacrée. Les hommes rassasiés du sang de leurs victimes n'aspiraient qu'à une chose : le plaisir sous toutes ses formes.
Sophonisbe, depuis l'entrée des troupes romaines dans la cité, avait ordre de rester à la maison. Se montrer c'était au mieux mourir, au pire subir la folie des hommes. Un matin par la fenêtre ouverte un papillon vint à sa rencontre. La jeune fille entama une danse avec lui et emportée dans son élan sortit de la maison, pour se retrouver dans les champs. Plic ! Ploc ! Quelques gouttes tombèrent et le ciel s'obscurcit au-dessus d'elle.
Que faites-vous ici ? La région n'est pas sûre.
Passée la première surprise, elle lui répondit : j'ai suivi le papillon.
Attendri par tant d'innocence, il lui sourit. Elle aussi. Il leva sa main et enveloppa la jeune fille de sa cape.
Faustus prit la direction de son camp, tenant serrée la jeune fille confiante. Cependant la malheureuse n'avait pas conscience de l'enfer qu'elle allait vivre au milieu de tous ces hommes. Son destin avait tourné à cause du battement d'ailes d'un papillon. Après des semaines de sévices, elle réussit à s'échapper. La honte au ventre, elle fila directement sur le port. Là parmi les pauvres hères victimes de la guerre et les esclaves elle fut empoignée par un bras tatoué d'un papillon. Lasse, elle se laissa faire.
Où m'emmenez-vous ? se hasarda-t-elle
Sur le bateau de mon maître. Un marchand grec.
Sophonisbe prit alors la mer pour la première fois. La traversée se fit de comptoirs en comptoirs et à chaque escale le marchand embarquait des trésors plus somptueux les uns que les autres. Loin d'être en sécurité en mer, la jeune fille subit de nouveau les assauts du marchand et des marins. Si bien qu'à son débarquement à Athènes, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même. Enceinte jusqu'au cou, qui plus est. Seule, mutilée, enceinte, elle erra jusqu'à croiser une matrone qui la prit sous son aile. Elle s'imagina alors un avenir un peu plus radieux et raconta toute son histoire. Un papillon s'arrêta sur le bord de la fenêtre, le soleil entra dans la pièce. Depuis des mois, elle ne s'était sentie aussi bien.
En échange du gîte, elle avait pour mission de ramener le nécessaire pour les repas. Après des matinées à demander l'aumône, elle allait ensuite sur le marché acheter les quelques victuailles qui suffiraient à la nourrir ainsi que la matrone. Sans crier gare, le jour fatidique de l'accouchement arriva. Elle passait près de l'étal du boucher et c'est là, dans le sang et dans la fange, que l'enfant naquit. Affaiblie par tous les coups et les contraintes qu'elle avait subies jusqu'alors elle s'éteignit. Laissant un orphelin de père et maintenant de mère étalé dans une mare de sang en forme de papillon.