BG de Mélusine

Présentation de la Protectrice de la Terre et de ses Chevaliers.

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Melusine
Élève
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BG de Mélusine

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Prélude — Le Char sans Conducteur

Avant même que le monde prenne forme, avant même que les dieux nomment les étoiles, il y eut un souffle. Un souffle porté par quatre sabots d’argent, traçant un sillon invisible dans la nuit.

On dit que quelque part, là où se croisent les vents contraires, gît le Char du ciel. Abandonné, solitaire. Il attend. Non pas un maître, mais une main. Une main ferme, douce et droite, capable de guider sans dominer, de conduire sans briser.

Depuis des siècles, aucun mortel n’a su répondre à cet appel.

Jusqu’à elle.

Une fille née sans bruit, élevée parmi les brumes, au cœur d’une vallée oubliée des hommes. Une enfant au regard vaste comme le ciel d’hiver, aux silences plus lourds que la pierre. Une âme que l’on ne forge pas : que l’on façonne par l’épreuve, le doute, la perte et le vent.

Elle ne courait pas vers la gloire. Elle ne cherchait pas la force. Elle voulait comprendre le murmure du monde. Et ce murmure, un jour, l’a guidée jusqu’au seuil du Sacré.

"Je ne suis ni reine, ni élue, ni guerrière née. Je suis celle qui a marché longtemps, seule, dans la nuit. Celle qui a tenu les rênes d’un char invisible, sans même savoir ce qu’elle portait."

"Je suis Mélusine. Et ma course ne fait que commencer."



Les Sabots du Destin

La neige tombait ce jour-là, silencieuse comme une vérité trop ancienne. Tout semblait figé dans cette vallée recluse entre les cimes, là où le soleil peinait à percer et où les hommes craignaient de nommer les choses par peur de les réveiller. C’est là, au bord d’un lac que le gel fermait peu à peu, que je suis née.

Je ne connaissais pas mon père. On disait dans les murmures qu’il n’était pas humain, ou du moins pas entièrement. Quant à ma mère, elle s’appelait Léphra. Elle parlait aux chevaux comme d’autres prient les étoiles. Sage-femme, guérisseuse, elle passait pour folle aux yeux des hommes, mais les bêtes s’inclinaient sur son passage.

Mon enfance fut tissée de contes, de brumes, de silences. Je n’avais ni frères ni sœurs, seulement les sabots invisibles que je traçais dans la neige, les ombres qui glissaient sous les pins, et cette sensation constante que quelque chose — ou quelqu’un — m’appelait au loin.

Je vivais pauvrement, mais je n’en souffrais pas. Ma mère disait que les âmes nées dans le froid avaient des os plus solides. Pourtant, tout bascula lorsque j’eus dix ans. Ce matin-là, le lac ne s’ouvrit pas aux pas de ma mère. Elle avait marché dessus, nue, les bras tendus vers le ciel. Ils l’ont retrouvée figée, les yeux grands ouverts. On parla de démence. Moi, je ne crus jamais à un accident.

Je cessai de parler. Une année entière sans voix. Puis un matin, je suis partie. Nul adieu, nul regret. Juste le crin d’un cheval invisible noué autour de mon poignet.

Je marchai longtemps. Des semaines peut-être. Les montagnes s'effaçaient, le vent hurlait, le monde changeait. Et pourtant, à chaque croisement, j’avais cette sensation étrange : ce n’était pas moi qui avançait, mais quelque chose qui me guidait.

C’est aux abords d’une vallée battue par les vents que je le rencontrai. Un vieil homme aux yeux clairs, drapé d’un manteau de voyage. Il me scruta longuement avant de parler.

" - Tu entends aussi les sabots, n’est-ce pas ? "

Je hochai la tête sans comprendre. Il esquissa un sourire. Et ce jour-là, mon entraînement commença.

Il ne m’apprit pas à me battre — pas tout de suite. Il m’apprit d’abord à écouter. Le vent. La pierre. Le souffle d’un animal avant l’effort. Il disait que l’univers était une grande course, et que ceux qui ne savaient pas tenir les rênes finissaient traînés dans la poussière.

Chaque jour, je courais. Chaque nuit, je méditais. Je me relevais de mes échecs, et j’encaissais les chutes. Il m’enseigna la retenue, la rigueur, et l’art de ne pas se perdre dans la vitesse.

Mais jamais il ne me parla de lui. Jamais je ne connus son nom. Et un jour, il ne revint pas. Le sol était marqué de griffures. Une bête, sortie d’un cauchemar ou d’un autre monde, l’avait emporté.

Je suis restée là, figée. Puis j’ai ressenti une chose étrange : mon cœur s’était mis à battre comme quatre sabots furieux. Mon cosmos jaillit pour la première fois. Une lumière blanche, aveuglante, m’entoura. Et dans cette lumière, j’ai vu le Char.


"Ainsi, j’étais née pour conduire, non pour suivre. Pas pour écraser, mais pour guider ceux qui déviaient de leur voie."

Depuis ce jour, je parcours les routes. Je m’arrête parfois dans des hameaux, j’aide ceux qui n’ont plus rien. Mais je ne reste jamais. Le vent me tire toujours vers l’est, vers une direction précise que je ne sais nommer.

Je l’ai ressenti pour la première fois au sommet d’une colline. Le ciel s’était ouvert un instant, et une pulsation m’avait traversée.

"Ce n’était pas une voix. Ce n’était pas un visage. C’était... une présence. Immense. Silencieuse. Profonde. Et douce comme la main d’une mère perdue."

"Je n’ai pas compris ce que c’était. Mais j’ai su que je voulais la servir. Lui offrir ma course, mon souffle, mon char."


Alors j’ai continué. Un jour, mes pas m’ont menée jusqu’à un sentier bordé d’oliviers noirs, veiné de poussière d’or. Au loin, j’ai vu la silhouette d’un temple baigné de lumière.

- C’est ici, n’est-ce pas ?

Personne ne me répondit. Mais le silence lui-même avait changé.

C’est ici que commence ma véritable course.


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